Gérer et auditer les risques liés au changement climatique

L'intégration du risque climatique dans la gestion des risques

L’Autorité de Contrôle Prudentiel et de Résolution (ACPR) a décidé cet été 2018 de solliciter prochainement les compagnies d’assurance françaises pour leur demander si elles tiennent compte du changement climatique dans leur gestion des risques. Depuis les accords de Paris sur le climat signés en 2015, l’impact des bouleversements environnementaux sur les institutions financières est de plus en plus considéré jusqu’à désormais préoccuper les régulateurs et autorités de contrôle nationaux. Le système bancaire et de l’assurance, même s’il contribue peu au réchauffement de la planète comparativement aux industries consommatrices d’énergie fossile, n’en est pas moins concerné par le passage à une économie dite verte. A ce titre, plusieurs banques centrales ont ouvert dernièrement un groupe de travail international pour réfléchir sur ce qu’il convient aujourd’hui de désigner comme le « verdissement du système financier ». Il est donc fort à parier que les recommandations professionnelles, de type bâlois, porteront de plus en plus sur l’intégration du changement climatique dans les modèles économiques des banquiers et des assureurs, plus particulièrement au niveau de leur surveillance des risques. Autant dire que de nouveaux chantiers attendent aussi bien les contrôleurs que les auditeurs internes.

Les points d'attention pour le management des risques et l'audit interne en matière de changement climatique

D’ores et déjà il est important pour les managers des risques et les auditeurs internes de cerner les risques concernant la transition écologique déjà amorcée et qui nécessairement s’accélérera. Les impacts ne seront pas neutres pour leur organisation, même si celle-ci officie dans le secteur bancaire ou celui de l’assurance. Eu égard cet impératif, les contrôleurs et les auditeurs internes auront soin d’intégrer dans leurs travaux les points d’attention suivants :

  • revue du portefeuille de titres détenus par leur organisation, aussi bien pour son propre compte que pour celui de ses clients ou de ses assurés, ceci afin d’identifier les actifs financiers susceptibles d’être concernés significativement par la transition écologique. On pense bien évidemment ici aux actions et obligations de sociétés distributrices d’énergie fossile et celles qui en sont les plus grosses consommatrices. Cependant, il ne faudrait pas omettre dans cette revue les entités qui sans être les plus exposées au changement climatique, appartiennent à des chaînes de valeur fortement énergivores, et qui par conséquent auront à payer une partie de la facture écologique. Cette revue du portefeuille a pour objectif d’ajuster les facteurs de risque utilisés afin de déterminer les provisions pour perte de valeur. Le management des risques et les auditeurs internes doivent s’assurer que leur établissement a procédé à cet ajustement ;
  • prise en compte pour le calcul du capital économique de la banque ou de la compagnie d’assurance du coût financier lié à la transition écologique. Cette exigence de fonds propres supplémentaire peut être déterminée en mesurant quel serait l’impact pour l’organisation si des scénarios extrêmes en matière de changement climatique se réalisaient, selon la même méthode que celle employée pour d’autres risques dans le cadre du pilier 2 de Bâle 3 et Solvency 2 ;
  • mise à jour de la politique générale de gestion des risques, notamment avec l’instauration de limites, voire d’interdictions, concernant les investissements de la banque ou de la société d’assurance sur des valeurs exposées particulièrement au changement climatique. Les contrôleurs et les auditeurs internes sont concernés par ce point puisque les premiers ont la charge d’ajuster en conséquence le plan de contrôle permanent et les seconds d’en évaluer la qualité ;
  • actualisation du dispositif de gestion de crise en termes de risque de réputation. En effet, l’image d’un établissement, aussi renommé soit-il, peut très vite être écornée si le grand public a connaissance de sa participation au financement d’activités désastreuses pour l’environnement. Ce n’est pas pour rien que certaines compagnies d’assurance ont préféré dernièrement se désengager de positions certes financièrement intéressantes mais représentées comme contributrices du changement climatique. S’agit-il là des prémices d’un mouvement généralisé du système financier vers l’évitement plutôt que de couvrir le risque inhérent à la transition écologique ? L’avenir nous le dira…

 


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