Réseaux bancaires : chronique d'une mort annoncée ?

Les grandes banques françaises en voie de réduction de leur réseau

L’annonce de BNP Paribas sur la suppression de plus de 600 postes dans la banque de détail en France d’ici 2020 relance les interrogations quant à l’avenir du modèle bancaire de ventes en réseau. BNP Paribas n’est pas le seul établissement à s’être engagé vers la réduction des effectifs dédiés au conseil bancaire de proximité. D’autres grandes banques françaises l’ont précédée. La Société Générale avait déjà fait sensation il y a quelques mois en déclarant vouloir fermer 20% de ses agences d’ici 2020 également. En 2013, le Crédit Agricole avait annoncé des fermetures de caisses locales en Ile-de-France. Le groupe BPCE à son tour a communiqué sur la réduction de son réseau bancaire classique, en prévoyant de supprimer 400 agences d’ici à…2020 ! Quant au Crédit Mutuel, même si aucune cure d’amaigrissement du réseau des caisses locales n’a été communiquée, dans les faits le nombre de points de vente mutualistes tend aussi à diminuer. On constate donc qu’au travers de ses représentants les plus importants en termes de clientèle et d’activité, le système bancaire français se dirige aujourd’hui vers une refonte en profondeur de ses modes de distribution.

 

Les évolutions de la distribution bancaire

 

Toute tendance durable suscite des questions, voire des inquiétudes, sur le fait de savoir jusqu’où les changements produiront leurs effets. Mode passagère ? Evolution ? Révolution ? La baisse des effectifs et les fermetures d’agence sont-elles la chronique d’une mort annoncée pour la banque de réseaux ? Le poste de conseiller bancaire sera-t-il bientôt à ranger aux souvenirs des métiers disparus ? Il est toujours délicat de répondre avec certitude à des interrogations portant sur l’avenir. Si on ne peut affirmer de façon absolue que la banque telle qu’elle existe aujourd’hui ne disparaîtra jamais, on peut à tout le moins espérer que le conseil bancaire et les réseaux qui le supportent ne soient pas engloutis par une vague d’innovations. Ce serait là en effet condamner une profession dont les richesses sont multiples, tant sur un plan relationnel qu’en matière technique. Mais sans aller jusqu’à anticiper une fin prochaine ou pas des agences et autres caisses locales, il est évident qu’en matière bancaire la distribution est bien plus en évolution aujourd’hui que l’est la production. Compte tenu d’un marché mature, il est de plus en plus difficile pour les banques de se différencier sur leurs offres de produits. En outre, l’ingénierie financière ne s’est pas encore totalement relevée à ce jour des effets de la crise de 2007, et les contraintes réglementaires qui pèsent de plus en plus fortement sur les établissements bancaires ne sont pas incitatives pour développer de nouvelles commercialisations. C’est donc la façon de faire de la banque qui aujourd’hui est au centre des attentions stratégiques plus que les produits en eux-mêmes.

 

Ce qui pousse les banques à réduire leur réseau de banque de détail

 

Sans aller jusqu’à prédire définitivement ce que sera la banque de demain, il est intéressant d’identifier quelles sont les forces en action aujourd’hui poussant les grandes banques françaises à adopter une réduction de leur réseau de points de vente.  A ce titre, nous distinguerons trois tendances de fond qui animent actuellement le paysage bancaire :

  • la baisse prolongée des marges nettes d’intérêts (MNI), cette dernière  étant la différence entre les produits reçus de la clientèle grâce à l’octroi de crédits et le coût de refinancement des prêts bancaires. Les niveaux historiquement bas des taux d’intérêt pénalisent le métier traditionnel du banquier, à savoir transformer des ressources financières à court terme (exemple : les dépôts de la clientèle) en emplois à long terme (les crédits). Un aplatissement de la courbe des taux réduit comme peau de chagrin les résultats bancaires dont les premiers contributeurs sont les points de vente ;
  • le changement de comportement de la clientèle, celle-ci étant de plus en plus consommatrice de banque à distance. Nous sommes ici face à un effet générationnel qui bouscule les relations traditionnelles entre le banquier et son client, les nouvelles technologies de communication occupant désormais une place centrale dans le quotidien des plus jeunes… et bientôt des moins jeunes ;
  • l’entrée de l’intelligence artificielle dans la profession bancaire, ceci permettant d’ores et déjà de traiter des demandes de la clientèle sans intervention humaine. Alors qu’auparavant le conseiller répondait à toutes les sollicitations de ses clients, il n’est maintenant plus le seul à le faire, étant secondé, voire dépassé, par la machine dans certains cas.

 

Ces tendances expliquent pourquoi les établissements bancaires de plus en plus digitalisent la distribution de leurs produits et de leurs services. Jusqu’où iront-ils sur la voie de la banque en ligne ? Personne ne le sait aujourd’hui, pas même ces établissements…



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