Les questions autour de l'intelligence artificielle
L’intelligence artificielle suscite beaucoup d’intérêt, de questionnement, mais aussi des inquiétudes, des angoisses parfois. Sur le sujet, on n’est jamais très loin de penser qu’un jour les algorithmes pourraient dominer le monde en enlevant à l’homme sa suprématie cognitive. Nous n’en sommes heureusement pas là aujourd’hui. Espérons qu’il n’en soit jamais ainsi. Mais force est de constater que ces dernières années, les technologies numériques se sont incrustées dans nos vies sans même que nous n’en ayons vraiment conscience. Nous sommes désormais géolocalisables à n’importe quel endroit du globe ou presque. Nos goûts sont orientés par des mécanismes intuitifs que nous ne commandons pas. Des modèles mathématiques nous assistent dans nos prises de décision en laissant peu de place à l’intuition. Les machines sont aussi capables d’apprendre par elle-même, gagnant en autonomie, grâce à des puissances de calcul exponentielles et des modélisations du réel de plus en plus complexes. Cette complexité deviendra-t-elle si dense pour que les algorithmes développent une forme de conscience ? La science-fiction bien souvent répond par l’affirmative. Mais il s’agit là d’une réponse artistique. Les questions demeurent sur la capacité de l’homme à créer ce qui un jour le dépasserait…
Les limites de l'intelligence artificielle
L’intelligence artificielle se différencie des technologies rudimentaires. Elle emploie des fonctions cognitives pour produire des raisonnements au lieu de répéter automatiquement des mouvements. Les algorithmes ont ainsi pris une place prépondérante dans la vie économique puisqu’ils participent à la prise de décision, et non aux tâches productives à la manière des robots qui les ont précédés dans les usines. L’intelligence artificielle offre ainsi des perspectives immenses pour les décideurs en étant capable d’identifier une multitude de corrélations dans des environnements où les interactions sont pourtant fortes. Les algorithmes apportent aux entreprises des facultés d’anticipation chères à tout décideur. Mais attention, corrélation n’est pas causalité. C’est là une limite fondamentale de l’exercice. L’intelligence artificielle ne peut pas tout. Malgré ses capacités prédictives, l’avenir lui échappe, bien heureusement !
Les algorithmes ne sont pas non plus parfaits, non pas de leur fait, mais celui de leurs auteurs. Ces imperfections résultent des façons de penser de ceux qui les conçoivent. L’intelligence artificielle est un produit qui échappe à l’universel. Ses calculs peuvent être biaisés par les références culturelles de ses créateurs. Les algorithmes certes ne se trompent jamais eu égard ce qui les anime. Il leur est cependant impossible de comprendre qu’ils ne sont pas dans le vrai puisqu’ils ne sont pas responsables de leurs erreurs. Voilà peut-être une différence essentielle avec l’être humain…
Les risques générés par l'intelligence artificielle
Sur un plan opérationnel, l’emploi de l’intelligence artificielle en entreprise génère trois types de risques :
- Rupture de la piste d’audit : les résultats générés par les algorithmes sont bien souvent le fruit de modèles complexes, avec un enchaînement de calculs et de traitements qui rendent difficile le traçage des informations. L’intelligence artificielle peut alors ressembler très vite à une « boîte noire » dont les secrets échappent au plus grand nombre.
- Atteinte à la vie privée : les algorithmes traitent des volumétries très conséquentes de données. Le risque existe que soient exploitées dans la masse des informations de nature privée sans qu’en soient informés les intéressés, contrevenant ainsi aux obligations réglementaires en la matière.
- Dépendance technique : les algorithmes appartiennent techniquement à leurs auteurs même s’ils ont exploité par d’autres. L’intelligence artificielle crée ainsi des situations de dépendance entre l’entreprise et les développeurs de programmes algorithmiques. Si ces derniers sont intégrés à des process sensibles, l’organisation s’expose à des ruptures d’activité en cas de défaillance de ses experts informatiques…
Jean-François Caron
Président de la SAS FormaConseils
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