Les outils de l'auditeur interne...et leurs limites

Sur la qualité de l'emploi des outils d'audit

C’est en forgeant que l’on devient forgeron dit-on. Ajoutons que c’est en auditant que l’on devient auditeur. Tout métier dépasse la fonction qui le caractérise, c’est-à-dire qu’il s’acquiert avec l’expérience et pas seulement avec un statut ou tout autre titre. Il faut donc pratiquer pour se professionnaliser, qui plus est devenir un bon professionnel en employant les bons outils à bon escient. Même si la théorie bien souvent précède la pratique, seule cette dernière installe la personne dans son métier. Pratiquer, c’est se confronter au réel avec l’intention d’atteindre des objectifs. Il s’agit en quelque sorte de tordre ce qui est afin d’en faire ce que l’on veut. Les outils servent à cela. Les employant, le professionnel vise à ramener à soi ce qui l’entoure pour transformer ce qui est en quelque chose qui le satisfait…ou pas. Du bon emploi des outils dépend la pertinence des résultats. L’auditeur, comme tout métier, n’échappe pas à cette nécessité. Un outil d’audit en soi n’a aucune valeur. C’est son bon usage qui en fait la qualité.

Les différents outils d'audit...et leurs limites

Avant de distinguer quels sont les différents outils à la disposition de l’auditeur, il est important de savoir pourquoi ils sont utilisés, sous-entendu à quoi servent-ils dans une mission d’audit. Quelle que soit leur spécificité, leur utilisation vise une finalité : collecter des preuves. En effet, l’auditeur s’assure de la conformité des opérations, des traitements, et évalue la qualité des dispositifs de maîtrise des risques. Cette assurance et cette évaluation ne sont possibles qu’à la condition de faire des constats, donc de saisir ce qui est pour ensuite le confronter avec ce qui devrait être, ou encore pour qualifier le réel. Cette saisie nécessite d’employer des outils d’audit, les principaux étant les suivants :

  • l’entretien : il s’agit pour l’auditeur de s’entretenir avec une personne pour obtenir des informations. L’entretien est l’outil le plus employé en audit, jusqu’à caractériser le métier. Ceci n’est pas sans présenter un risque, soit laisser de côté des techniques d’audit parfois plus pertinentes que le seul entretien… ;
  • l’observation : l’auditeur observe la mise en pratique des process par les collaborateurs audités afin de comprendre leurs activités et de contrôler la bonne exécution des tâches. Même si les normes internationales d’audit reconnaissent l’observation comme l’outil le plus performant, son usage n’en présente pas moins deux inconvénients. Premièrement, se sachant observée, la personne concernée risque fort bien de se comporter de la façon dont elle estime que l’auditeur interne attend d’elle. Ensuite, l’observation se fait à un endroit donné et à un instant précis, donc n’embrasse pas tous les cas de figure…;
  • la confirmation : l’audit collecte des informations directement auprès de tiers en relation avec leur organisation. Il est question ici d’obtenir des éléments de source externe, ce qui renforce d’autant la force de la preuve, à condition que les parties prenantes répondent aux sollicitations des auditeurs…;
  • la grille de séparation des tâches : cet outil permet de matérialiser à la fois les tâches composant un process et les collaborateurs en charge de l’exécution de ces mêmes tâches. Cette démarche permet ainsi d’identifier le cas échéant des cumuls de fonction de nature à altérer la qualité du contrôle interne et l’efficacité des ressources allouées. Outil très simple à mettre en œuvre, très vite l’auditeur peut tomber dans l’excès en détaillant trop les tâches et créer ainsi artificiellement des cumuls de fonction, ou à l’inverse être trop généraliste et ne pas identifier des goulots d’étranglement…;
  • la revue analytique : l’audit identifie pour une donnée précise l’évolution entre deux périodes, ou compare des données réelles avec des éléments prévisionnels, ou bien encore confronte les données de son organisation avec celles d’autres entités. La revue analytique est intéressante compte tenu de son caractère aussi bien analytique que synthétique. Mais c’est aussi-là sa faiblesse. Lorsque des erreurs se reportent d’une période sur l’autre, la revue analytique fonctionnant par différence, les effets des anomalies se trouvent ainsi annulés…

Les outils et le risque d'audit

L’auditeur détient ainsi pour la réalisation de ses travaux différents outils dont l’usage de chacun est nécessaire mais pas suffisant, comme l’attestent ci-dessus les limites de leur emploi. L’audit interne doit donc sélectionner les outils appropriés lors de toute mission. Cet arbitrage, indispensable, constitue cependant une des sources principales du risque d’audit. En effet, mal outillé, l’audit voit la probabilité de collecter des informations inappropriées ou d’interpréter de façon erronée des résultats augmentée. L’auditeur ne doit pas oublier que lui-même, comme toutes les personnes auditées, est exposé à des événements défavorables de nature à altérer la qualité de son opinion. Sur ce point, en plus de son professionnalisme et de son expérience,  l’une des meilleures couvertures des risques pour l’auditeur est de vérifier que les outils employés sont adéquats par rapport aux objectifs de mission.

 


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