Les marchés financiers pour financer l'économie
Au sortir de la seconde guerre mondiale, l’idée de disposer d’un revenu sans exercer directement une activité s’est imposée progressivement, avec les retraites, l’indemnisation-chômage, les dividendes. Les Etats-Unis ont été les précurseurs en la matière. Les entreprises américaines se chargèrent de collecter l’épargne des salariés en vue de leur retraite, au travers de fonds de pension. Les sommes ainsi reçues étaient placées par l’entreprise elle-même. C’est en 1974 que la loi américaine exigea que l’épargne soit gérée hors des murs de l’entreprise de façon à diversifier les risques. Cette évolution réglementaire entraîna l’entrée massive de liquidités sur les marchés financiers, constituant une nouvelle source de financement pour les investissements privés, notamment au travers des fonds de placement collectif. Les gérants de cette épargne privilégièrent dans le cadre de leur stratégie les entreprises proposant le meilleur revenu, ceci entraînant une forte compétition entre les agents économiques. Les liquidités ainsi captées par le secteur privé ont permis le financement de l’innovation, la croissance externe des entreprises, l’accroissement des affaires à l’international.
La finance comme une fin et non plus comme un moyen
Ce modèle américain a été suivi par l’Europe, puis par le monde entier au milieu des années 80. Pour attirer les capitaux, les entreprises cotées firent nombre de promesses de profit, s’obligeant par la même occasion à transformer leur modèle de fonctionnement. Des outils de reporting et de contrôle sophistiqués ont été introduits pour un meilleur pilotage des activités et aussi pour répondre aux nouvelles contraintes financières, soit de servir des actionnaires de plus en plus exigeants concernant la rentabilité de leur capital investi. Progressivement, nous sommes entrés dans l’ère de la financiarisation des entreprises, la finance n’étant plus un moyen pour les entités productrices mais leur finalité.
Les destructions créatrices en matière d'innovation
Durant trente ans, la course au profit a exigé toujours plus d’innovations et de regroupements d’entreprises, ceci générant de la croissance économique. Mais les richesses croissantes sont désormais avant tout fondées sur une destruction toujours plus rapide des produits et des services. En effet, les entreprises finissent par détruire elle-même leurs innovations en en créant de nouvelles. Cependant, en 2007, la marche forcée vers l’innovation insufflée par une finance omniprésente s’est ralentie. L’épargne privée n’est plus aussi abondante qu’elle ne l’était auparavant et la confiance des épargnants s’est réduite depuis la dernière crise financière. La prospérité économique tirée par la financiarisation des entreprises s’est essoufflée. Nous sommes désormais à des niveaux de croissance peu élevés en matière de richesse produite. Pour autant, en termes de rendement du capital, l’appétit des investisseurs n’a pas faibli…
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KHADIM SALL (samedi, 04 janvier 2020 00:18)
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