La contrainte réglementaire pour protéger les agents économiques

Parler de régulation financière oblige à définir ce qu’est la finance pour comprendre pourquoi il est nécessaire d’émettre des règles pour l’encadrer. Tout d’abord, la finance est identifiable de par les acteurs qu’elles concernent et les opérations qu’elles génèrent, de par les relations entre les territoires économiques qu’elle induit, de par la technologie sur laquelle elle s’appuie. Mais au-delà de ces caractéristiques, un point fondamental la justifie : la mutualisation des risques. En effet, tout projet nécessaire au développement de l’économie est porteur de risque puisqu’il s’agit de s’engager vers un avenir par nature incertain. La finance permet de gérer cette incertitude en structurant la totalité des risques encours au sein d’une société qui se projette. Cette structuration s’appuie sur des acteurs précis, comme les banques, les compagnies d’assurance, mais aussi d’autres établissements à caractère financier. Ces intervenants centralisent les risques financiers pour permettre leur mutualisation entre les agents économiques. Une banque en accordant un crédit à une entreprise cliente accepte de créer et de supporter du risque de crédit. Elle permet ainsi à sa clientèle professionnelle d’emprunter, donc d’investir pour finalement se projeter matériellement vers l’avenir. Sans finance, une société se développerait peu, enfermée dans un présent guère évolutif…

 

La finance est une industrie de services avec des moyens industriels pour la mutualisation des risques. Cette industrie est particulièrement sophistiquée dans les économies développées. La complexité croissante du monde des affaires et l’interdépendance grandissante des acteurs a densifié considérablement les réseaux économiques, obligeant la finance à se doter d’outils de plus en plus techniques et puissants. Cette sophistication certes indispensable n’en est pas moins source d’asymétrie plus forte entre les agents en matière d’informations. Avec des techniques traitant des volumes exponentiels de données, le risque d’opacification des opérations est plus élevé. La régulation est destinée à contenir ce risque pour protéger les investisseurs et les épargnants contre les abus et autres manipulations diverses. C’est ainsi que la transparence est au cœur de la régulation financière afin que les agents économiques soient informés de ce que produit l’industrie financière et des tendances de marché.

 

Les sommes véhiculées par le système financier sont colossales. En plus de la transparence, il faut de la protection sur les avoirs pour que la confiance existe, pour qu’un particulier accepte de déposer son argent dans un établissement et le rendre ainsi disponible pour la production de crédits destinés au financement des  projets. La finance transforme donc de l’épargne en investissement et permet ainsi à une économie de s’engager vers l’avenir à partir des fruits du passé. Ce transfert entre ressources et emplois génère une multitude de risques, lesquels se sont amplifiés avec la croissance des flux économiques. Dans un environnement financier de plus en plus complexe, les acteurs ont besoin de protection. C’est l’objet de la régulation que de contraindre pour protéger.

 

 

Cet article s’inspire librement du Mooc « La régulation financière au service de l’économie » proposé par l’Institut Louis Bachelier (www.institutlouisbachelier.org).

 

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