Synthèse des risques du système financier français

La loi du 26 juillet 2013 de séparation et de régulation des activités bancaires (SRAB) oblige la Banque de France, en coordination avec le Haut Conseil de Stabilité Financière (HSCF), a publié semestriellement une analyse des risques pesant sur le système financier français et la capacité des agents économiques concernés pour les maîtriser. Sur cette base, le gouverneur de la Banque de France peut développer ses propositions en matière de politiques macroprudentielles adressées au HSCF. La dernière étude sur le sujet produite par la Banque de France concerne le second semestre 2016.

 

L’évaluation des risques et des vulnérabilités du système financier français a mis en exergue les points suivants :

 

  • le risque systémique est moins volatil en France que dans la zone euro. Néanmoins, le système financier français est confronté à certaines pressions susceptibles d’accroître sa vulnérabilité : incertitude politique compte tenu des échéances présidentielles en 2017, contexte de taux bas pénalisant les marges d’intermédiation des établissements bancaires et les rendements des supports d’assurance-vie, dépréciation significative des portefeuilles obligataires en cas de remontée des taux, accroissement des exigences de fonds propres suite à la finalisation des accords Bâle 3 ; 

 

  • le risque macroéconomique perdure compte tenu d’une activité économique qui peine à retrouver des niveaux de croissance dynamique. L’environnement mondial actuel n’est pas favorable à une relance des économies nationales et régionales (Brexit, protectionnisme promis par Trump, hausse du coût des énergies, fragilité des économies émergentes) ; 

 

  • les risques inhérents à des niveaux bas de taux d’intérêts perdurent et pèsent sur la rentabilité des établissements bancaires et des compagnies d’assurance. Les banques françaises sont notamment confrontées à un effet de ciseaux entre d’une part des taux d’intérêts faibles sur la production nouvelle de crédits, une baisse du taux moyen de rendement du portefeuille de crédits compte tenu du volume des rachats et des renégociations engagés par la clientèle, une rigidité du coût de ressources inhérente à l’épargne réglementée. Le produit net bancaire est désormais structurellement plus conséquent au niveau des commissions que sur les marges d’intérêts. Les produis des services bancaires pourraient cependant être pénalisées par les restructurations en cours des réseaux bancaires de nature à accroître les risques opérationnels et sociaux durant leur mise en œuvre ; 

 

  • le risque de marché est particulièrement sensible au contexte politique et à une hausse des taux d’intérêt. En effet, le programme de dépenses publiques promis par Donald Trump serait de nature à dégager une pression inflationniste dont les effets ne seraient pas limités aux seuls Etats-Unis. Le recours massif à l’endettement pour financer les travaux publics envisagés par le nouveau locataire de la Maison-Blanche impactera le niveau des taux longs. Une hausse brutale des taux d’intérêts entraînerait une dépréciation toute aussi brutale des portefeuilles obligataire détenus par les banques françaises ;

 

  • le risque immobilier est tributaire du marché de biens commerciaux caractérisé par une hausse continue des prix depuis 2009. Concernant le marché résidentiel, l’endettement des ménages, dans un contexte de taux bas et compte tenu de prix stabilisés, s’est accru. Le risque de crédit immobilier sur les particuliers est donc un point significatif de surveillance pour les établissements bancaires français ;

 

  • le risque réglementaire inquiète les banques et les compagnies d’assurance. Les incertitudes sont nombreuses sur les intentions du Comité de Bâle dont les travaux sont en cours de finalisation. Une hausse conséquente des exigences de fonds propres à coup sûr pèserait sur la rentabilité des établissements bancaires. Les compagnies d’assurance ne sont pas non plus épargnées avec la Directive Solvabilité II. Les exigences en matière de capital de solvabilité requis (SCR) sont conséquentes et d’autant plus difficiles à respecter pour des compagnies dont le risque de marché représente presque 90% de leur profil de risques. C’est ainsi que l’on constate des stratégies de derisking mise en œuvre dans des sociétés d’assurance-vie au niveau de leur portefeuille de placements, ou encore la volonté de transférer sur les assurés le risque de variation des actifs financiers au travers des contrats en unité de compte.

 

L'étude complète de la Banque de France

 

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