Bien échouer pour mieux réussir

Au sein des organisations se multiplient les indicateurs pour mesurer l’efficacité et l’efficience des actions entreprises. Cette tendance traduit une volonté accrue de maîtriser toujours plus les conséquences de ses actes. Pourtant, il revient à chacun de se tromper. C’est d’ailleurs ce qui nous caractérise, nous autres, êtres humains. Les animaux ne font guère d’erreur ; ils sont guidés par leurs instincts. Et ne parlons pas de la machine sans cesse perfectionnée et donc de moins en moins faillible. Faut-il alors considéré l’erreur comme un attribut du genre humain le singularisant au sein du vivant et de la technique ? A l’évidence oui, et c’est tant mieux ! C’est la condition de notre liberté. Comment se tromper si nous ne sommes pas libres ? A la différence des animaux et des machines qui sont totalement déterminés, c’est parce que nous ne sommes pas entièrement conditionnés que nos erreurs sont possibles. La liberté, puisqu’elle n’existe pas en soi mais dans l’action, s’exerce en se trompant.

 

Ne pas faire de ses erreurs un échec

Faut-il dès lors s’évertuer à faire des erreurs pour se sentir plus libre ? Certainement pas. Se tromper continuellement provoque de l’indécision, de l’inaction, jusqu’à l’échec. Cependant, ne nous méprenons pas. Échouer est bien plus que se tromper. L’échec est un sentiment, l’erreur un fait. Cette distinction est essentielle pour ne pas se laisser entraîner par ses faux pas. Nous sommes certes tous limités alors que notre volonté et notre imagination sont infinies. Il est donc normal que nos actes ne produisent pas toujours les effets escomptés. Nous ne sommes pas non plus la cause de tout. En revanche, chacun est seul maître quant à interpréter les résultats de ses agissements.

Prenons un exemple. Imaginons-nous en train de restituer nos observations à la suite d’une mission de contrôle que nous avons réalisée. Notre présentation auprès de la direction générale fait état d’insuffisances en termes de maîtrise des risques commerciaux, faute selon nous de garanties suffisantes obtenues auprès de la clientèle. Cet argument fait suite à nos constats que nous considérons représentatifs du réel. Mais au cours de cette restitution, le management nous informe que plus aucune garantie n’est sollicitée auprès de nos clients, ceci depuis plusieurs mois, afin que l’organisation puisse se démarquer des concurrents. Notre recommandation est alors caduque avant même d’être débattue eu égard les nouvelles orientations stratégiques en matière de relations commerciales. Autrement dit, nous avons tout faux ! Comment alors réagir dans le cas présent ? A l’évidence, nos investigations n’étaient pas suffisamment abouties pour que soit omise une décision stratégique. Erreur ou échec ?

La réponse est fonction de la façon dont nous interprétons cette situation. Que l’on soit mal à l’aise bien-sûr n’est pas surprenant. Mais évitons de sombrer dans une sorte de malaise en transformant une erreur en échec. Échouer revient bien plus à s’enfermer dans ses erreurs que les commettre. Comme nous sommes seuls maîtres de nos interprétations, il n’y a pas loin à ce que nous soyons notre propre bourreau…

 

Questionner ses erreurs pour dépasser le sentiment d'échec

Une façon d’éviter le sentiment d’échec est de réfléchir objectivement sur ses erreurs. Il s’agit de prendre du recul en se questionnant sur l’origine de nos actes manqués. Interrogeons-nous ainsi de façon suivante :

  • Qui ? En l’occurrence, il s’agit ici d’identifier les personnes qui éventuellement sont concernées par notre erreur. Il n’y est pas question de se déresponsabiliser, mais de comprendre en quoi réellement nous sommes à l’origine des effets indésirés ;
  • Où ? Cette interrogation vise à contextualiser l’erreur dont nous sommes responsables. Très souvent, nous n’aurions pas agi de la même façon si la situation s’était présentée différemment. L’erreur est bien moins attachée à notre personne qu’à un évènement particulier ;
  • Quand ? Bon nombre d’erreurs sont le fait d’une action engagée ou d’une décision prise à un moment inapproprié. La temporalité est parfois à l’origine d’une problématique, plus que le fond du sujet ou une incompréhension ;
  • Comment ? La méthode bien évidemment a son importance s’agissant des erreurs commises. Celles-ci peuvent être causées par un traitement inadéquat, par l’usage d’outils inadaptés aux objectifs poursuivis, par des hypothèses retenues et dont la pertinence fait défaut compte tenu du contexte ;
  • Pourquoi ? Terminons notre analyse avec cette question essentielle puisqu’elle renvoie à la finalité et donc au sens de l’erreur. On se trompe toujours, comme nous l’avons dit plus haut, dans une situation particulière, mais aussi par rapport à une fin précise. Une erreur n’existe pas en soi. Il importe donc de rapporter celle-ci aux objectifs poursuivis pour comprendre finalement en quoi nous avons commis une erreur.

Jean-François Caron - Président de la SAS FormaConseils


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