La faculté de jugement pour le contrôle et l'audit

Sur le jugement professionnel des contrôleurs et des auditeurs

Le contrôle et l'audit internes participent tous deux à la gestion des risques d'une organisation, de façon différente mais néanmoins complémentaire. Nombre de similitudes existent d'ailleurs à ce propos entre les métiers de contrôleur et d'auditeur, avec toutefois un impératif d'indépendance de l'audit vis à vis du contrôle. Contrôler et auditer reposent avant tout sur l'évaluation de ce qui est, pour ensuite mettre en œuvre ou recommander ce qui est nécessaire à la maîtrise du réel. La tâche n'est pas simple puisqu'il s'agit pour les contrôleurs et les auditeurs de circonscrire ce qui est sans limite précise, à savoir un environnement évoluant sans cesse. Mission impossible ? Certainement pas. Mais à réaliser avec précaution et discernement. Les méthodes et les outils ne suffisent pas au contrôle et à l'audit pour réaliser leurs missions. Ce sont des supports certes nécessaires, mais pas suffisants. Ce qui prime pour un contrôleur et un auditeur est la faculté de jugement. En effet, les contrôleurs pour être efficaces doivent pondérer, trouver un juste milieu entre maîtrise des risques et activité, bref juger pour jauger. L'auditeur quant à lui, pour être pertinent, évalue la qualité des dispositifs en place au regard de sa propre appréciation des risques, indépendamment de ce qui lui est présenté par les audités, y compris par les contrôleurs. Il est également question pour l'audit de pondérer, de trouver un juste milieu entre recommandation et activité, bref de juger pour jauger !

Des principes pour mieux exercer sa faculté de jugement

Il n'existe pas de « recette miracle » pour délivrer un jugement approprié à tout contrôle ou tout audit. La faculté de jugement est avant tout une qualité personnelle pouvant être développée avec le travail et l'expérience. En outre, les contrôleurs et les auditeurs, pour ne pas délivrer d'évaluation ou d'appréciation sans fondement, auront tout intérêt à mettre en application les quelques principes suivants :

  • ne pas faire systématiquement d'un cas une généralité. La démarche de contrôle et celle d'audit s'appuient sur des constats et l'interprétation qui en est faite. Constater ne relève pas de la faculté de juger mais de l'emploi d'outils adéquats, comme l'observation physique, les entretiens, ou encore l'analyse des procédures et des modes opératoires. Par contre, l'interprétation du réel et des conclusions qui en ressortent sont conditionnés par le jugement professionnel. Cette phase conclusive dans un process d'évaluation est certainement la plus critique, plus particulièrement lorsqu'il s'agit d'extrapoler un constat et son interprétation à l'ensemble des cas possibles. Une conclusion de contrôle ou d'audit concernant une fonction précise ou une situation particulière ne saurait être généralisée sans discernement ;
  • s'abstenir de jugement à l'emporte pièce. La nuance est requise pour le contrôle et l'audit, afin de cerner le plus possible l'ensemble des particularités liées à un constat et conclure en conséquence. Le contrôleur et l'auditeur ne tranchent pas, ils statuent, de façon certes directive mais néanmoins collaborative avec les personnes concernées par le contrôle ou l'audit. Nuancer est une démarche intellectuelle visant à circonscrire le réel, ce qui bien-sûr est impossible en totalité, mais n'en est pas moins nécessaire pour viser un jugement le plus complet qui soit ;
  • taire tout préjugé. Un jugement pour être opportun doit être déterminé par des faits et non par des à priori. Une règle élémentaire pour tout contrôleur et tout auditeur dans l'exercice de son métier concerne son impartialité, c'est-dire de ne pas prendre position avant même d'avoir réalisé les travaux. Cet impératif déontologique, si essentiel qu'il soit, n'est pas toujours aisé à respecter. Toute vie professionnelle se nourrit de relations humaines qui ne sont pas sans effet sur les personnes. Très vite, au-delà de la fonction occupée, on acquiert un avis sur les uns et sur les autres. Taire ses préjugés nécessite ainsi un effort sur soi pour fournir un jugement plus raisonné que passionné ;
  • échapper à la pression de groupe. Les contrôleurs et les auditeurs, comme toute autre fonction, appartiennent à des entités collectives dont les prises de décision sont fonctions de dynamiques de groupe. L'une d'elles est présentée comme le paradoxe d'Abilene pour expliquer pourquoi chaque membre d'un groupe décide en fonction de ce qu'il pense être l'avis collectif et non en fonction de ce qu'il souhaite. En d'autres termes, le groupe l'emporte sur les jugements personnels dans une sorte de négation de l'individu. Un contrôleur ou un auditeur peut être confronté à cette pression, que ce soit au sein de sa direction ou dans ses relations avec les autres métiers. Le courage et l'autorité leur sont alors nécessaires pour dépasser ce qui ressemble à un consensus mais qui finalement n'en est pas un...

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